L’histoire fascinante de la langue des signes française : de l’interdit à la reconnaissance

L’histoire fascinante de la langue des signes française : de l’interdit à la reconnaissance

Introduction : Une langue en quête de reconnaissance

En 1880, lors du tristement célèbre Congrès de Milan, un vote décisif interdit l’enseignement de la langue des signes en Europe. Pourtant, malgré des décennies d’interdictions et de stigmatisation, la langue des signes française (LSF) a survécu et prospéré, devenant un pilier de la culture sourde et une source d’inspiration pour l’inclusion. Mais comment une langue aussi visuelle et expressive a-t-elle traversé les âges et surmonté tant d’obstacles ? Dans cet article, plongeons dans l’histoire captivante de la LSF, de ses origines à sa reconnaissance officielle.

Les origines de la langue des signes française

La LSF puise ses racines dans les gestes naturels utilisés depuis des siècles pour communiquer. Mais c’est au XVIIIe siècle que tout change, grâce à une figure clé : l’Abbé Charles-Michel de l’Épée. Surnommé le "père des sourds", il découvre un groupe d’enfants sourds à Paris utilisant des signes pour échanger. Convaincu que cette méthode pouvait être perfectionnée, il élabore un système éducatif basé sur ces signes et fonde la première école pour sourds en 1760.

Cette école devient rapidement un modèle, attirant des élèves de toute l’Europe. La méthode de l’Abbé de l’Épée repose sur un mélange de signes issus de la gestuelle naturelle et de grammaire française. Ainsi naît ce qui deviendra la LSF, une langue visuelle riche et structurée. Les efforts de l’Abbé inspireront d’autres pays, jetant les bases d’un mouvement international en faveur de l’éducation des sourds.

L’interdiction de la LSF au Congrès de Milan (1880)

Tout bascule en 1880, lors du Congrès international pour l’éducation des sourds à Milan. Les partisans de la méthode oraliste, qui prônent l’apprentissage de la parole et de la lecture labiale au détriment des signes, prennent le dessus. Le verdict est sans appel : l’usage de la langue des signes est banni dans les écoles pour sourds. La France, autrefois pionnière, applique cette décision et supprime progressivement l’enseignement en LSF.

Les conséquences sont dévastatrices pour la communauté sourde. Privés de leur langue, de nombreux enfants sourds se retrouvent isolés et en échec scolaire. Mais la LSF continue de vivre dans les marges, transmise clandestinement entre générations. Ce lien secret devient un acte de résistance, témoignant de la résilience d’une communauté attachée à sa langue et à sa culture.

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